En collaboration avec des associations de patients (Diabetes Liga et l’Association belge du Diabète) et l’université de Düsseldorf, l’Agence InterMutualiste (AIM) a analysé les données de remboursement des mutualités relatives aux amputations chez des patients souffrant ou non du diabète au cours de la période 2009 à 2013.

Le diabète est une affection fréquente pouvant engendrer diverses complications au cœur et aux vaisseaux sanguins, aux yeux, aux reins et aux pieds. Les patients diabétiques souffrant de plaies au pied risquent l’amputation d’une partie du pied ou du membre inférieur, de plus ces plaies ont d’importantes répercussions sur la qualité de vie du patient et de son entourage.

Le Pr Frank Nobels, endocrinologue à la clinique Notre-Dame d’Alost et à l’université de Louvain, et le Dr Patrick Lauwers, chirurgien vasculaire à l’hôpital universitaire d’Anvers, investigateurs de ce projet, décrivent le contexte de l’étude : « Dans le passé, plusieurs initiatives ont été prises dans le domaine des soins de santé visant à limiter les complications du pied diabétique, notamment en encourageant une bonne prise en charge via le trajet de soins diabète ou la convention diabète, une intervention pour les soins podologiques et la reconnaissance de cliniques spécialisées du pied diabétique. Avec cette étude, nous cherchions à évaluer l’ampleur de la problématique du pied diabétique, mais aussi à examiner si des améliorations étaient visibles au fil des ans. » 

Résultats de l’étude
L’analyse fait la distinction entre les amputations effectuées en dessous la cheville, que nous appelons amputations mineures, et celles situées au-dessus de la cheville, les amputations majeures. Au cours de la période étudiée de 5 ans, un total de 5 438 amputations majeures et 8 811 amputations mineures ont été recensées dont une légère majorité chez des personnes atteintes du diabète.

En 2009, le nombre d’amputations majeures était sept fois plus élevé chez les patients diabétiques que dans le reste de la population. Nous avons constaté au cours de la période étudiée de 5 ans une nette diminution de ces amputations chez les patients diabétiques : de 42,3 pour 100 000 personnes à 29,9 pour 100 000. Le nombre d’amputations mineures a également connu une chute significative bien que moins accentuée, passant de 91,3/100 000 à 77,1/100 000. Au sein de la population ne souffrant pas de diabète, on n’observe pas de diminution significative du nombre d’amputations majeures ; celui des amputations mineures baisse légèrement. 

Clinique du pied diabétique multidisciplinaires
Les plaies et les problèmes au pied chez les patients diabétiques nécessitent une approche spécialisée. La Dre Kristien Van Acker, endocrinologue au Centre de Santé des Fagnes de Chimay, présidente de D-Foot International et initiatrice du projet, explique comment cela s’organise en Belgique : « Dans notre pays, des critères de qualité pour les cliniques du pied diabétique ont été définis en 2005. Au sein de ces cliniques, le patient souffrant de plaies au pied bénéficie d’une prise en charge multidisciplinaire conforme à des directives internationales établies par le Groupe de Travail international sur le Pied Diabétique (IWGDF - groupe d’orientation). Actuellement, 35 cliniques du pied diabétique sont reconnues sur la base de ces critères. L’objectif de ces cliniques est de soigner les plaies au pied, éviter les amputations et prévenir l’apparition de nouvelles plaies. »

Bien que les données disponibles ne permettent pas d’établir un lien direct, les résultats laissent entendre que le travail réalisé dans ces cliniques porte ses fruits, outre les efforts fournis en première ligne et dans les centres de diabète spécialisés permettant d’offrir aux patients diabétiques le meilleur traitement possible. Le dépistage des pieds à risque n’a jamais été aussi bien effectué et, lorsque cela s’est avéré nécessaire, des chaussures adaptées ont été prescrites et une formation supplémentaire prévue. 

Prévention
Étant donné que les amputations majeures sont encore pratiquées cinq fois plus chez les patients atteints du diabète, il est essentiel de prévenir les problèmes au pied. Du point de vue de la santé publique, un suivi, des soins et un accompagnement du patient diabétique optimaux, accompagnés d’un contrôle régulier des pieds et de mesures préventives prises en temps utiles en cas de risque podologique élevé, sont donc d’une importance capitale.

Il faut en outre miser sur la prévention du diabète proprement dit. Malheureusement, cela n’est actuellement pas possible pour le diabète de type 1, qui survient principalement à partir d’un âge plus précoce. Prévenir le diabète de type 2, observé la plupart du temps chez les adultes, est en revanche largement faisable. Outre les prédispositions et l’âge, les principaux facteurs de risques de celui-ci sont connus : surpoids et mode de vie néfaste pour la santé. Les mutualités et les associations de patients communiquent à leurs membres des informations exhaustives sur cette affection et, à cet effet, soulignent l’importance d’un mode de vie sain et investissent massivement dans la promotion de la santé. 

Graphique 1 : taux annuel d’amputation standardisé total, détail des amputations majeure et mineure

Le Dr Patrick Lauwers est chirurgien vasculaire à la clinique du pied de l’hôpital universitaire d’Anvers. Il est également membre actif du groupe de travail sur le pied diabétique de la Diabetes Liga.
Le Pr Frank Nobels est endocrinologue à la clinique du pied de l’hôpital Notre-Dame d’Alost. Il est président honoraire de la Diabetes Liga.
La Dre Kristien Van Acker est endocrinologue à la clinique du pied du Centre de Santé des Fagnes de Chimay. Elle est présidente de D-Foot International (www.D‑Foot.org), une association internationale qui a pour objectif de réduire le nombre d’amputations inutiles dans le monde, et ce en encourageant et en soutenant la sensibilisation à grande échelle, la formation, et la recherche autour du pied diabétique.

Pour plus d’informations
FR : Dre Kristien Van Acker - 0475 / 58 40 58
NL : Dr Patrick Lauwers - 03 / 821 48 42 et Pr Frank Nobels - 053 / 72 44 88 ou 0475 / 37 05 71